mercredi 14 avril 2010

Erratum Haïti

Message parti trop vite, vous me pardonnerez la mauvaise mise en page, et les photos tout en bas, mal rangées!
et les fautes d'orthographe, je me suis pas relue...

Autour du monde, le retour! Carnet de séjour en Haïti


Bonswa, koman waye ? Pou mwen, mwen an fom !


Je continue à découvrir Port-au-Prince, même si à mon grand regret ça reste limité : pour des raisons de sécurité, je ne peux pas me déplacer à pied, ni rouler les fenêtres ouvertes. Notre couvre-feu est passé à 19h, mais chez d’autres ONG il est seulement à 21h.
Toutes ces règles de sécurité sont dues d’une part au fait que PAP n’a jamais été une ville très sûre où notamment les kidnappings pour de l’argent étaient assez courants et où il y avait une forte violence liée à la présence de nombreux gangs. Avec le tremblement de terre, beaucoup des membres de gangs ont pu s’échapper de prison, grâce à la destruction des bâtiments et à la confusion générale. Mais c’est aussi parce que depuis le tremblement de terre, 4 travailleurs d’ONG ont été kidnappés, puis relâchés, et c’est pourquoi les ONG ont instauré des couvre-feu pour leurs équipes.
Alors voilà, pour moi qui aime aller sur les marchés notamment, c’est assez frustrant. Par contre, comme il y a beaucoup d’embouteillages, j’ouvre grand mes yeux sur les quartiers qu’on traverse, et je discute autant que possible avec les 5 chauffeurs qui travaillent pour nous.




J’ai trouvé une description de la ville qui me semble correspondre (elle n'est pas de moi, donc):

La capitale, 1.500.000 habitants, regroupe les deux tiers de la population urbaine. Port au fond du golfe de la Gonave, la ville possède une des plus belles baies du monde. Ville de contrastes, où l’extrême pauvreté côtoie l’opulence. La vieille ville coloniale rectiligne aux bâtisses mal entretenues occupe les terrains les plus plats avec des cabanes de tôle ondulée d’aspect misérable. De somptueuses villas blanches aux bougainvilliers toujours en fleurs montent à l’assaut des montagnes jusqu’à plus de mille mètres au-dessus du niveau de la mer, cernées de plus en plus par des cahutes brinquebalantes nichées dans les pentes des ravines.
Ville chaude, animée et bruyante, à la circulation intense et pittoresque, où les enfants en uniforme bien net envahissent la chaussée à l’heure de se rendre à l’école, où les marchandes portent sur la tête les échafaudages les plus extravagants, où les "cadillac" de service côtoient des chars à bras, des chèvres et des chiens maigres. Port-au-Prince concentre la majeure partie de l’activité économique du pays : cimenterie, aciérie, ainsi que les nombreux ateliers artisanaux. Son aéroport a été modernisé, mais reste précaire. Les installations portuaires sont vétustes.



Je n’ai vu la mer que de loin, je pense que je n’aurai pas le temps d’aller la voir de près. Je me contente de ces visions urbaines, un traffic monstre, parmi lequel beaucoup de voitures d’ONG, des agences des Nations Unies mais aussi de l’armée américaine et des casques bleus de la MINUSTAH (mission des NU). Parmi les voitures, j’ai même vu un Porsche Cayenne, on me dit qu’il y a des haïtiens très riches, apparemment c’est le cas. Il y a beaucoup de gros camions aussi, surtout de la marque Mack, des vrais « trucks » américains.
Dans la voiture, à la radio, avec le chauffeur, j’écoute de la musique « compa », la musique haïtienne, qui me fait penser à du zouk mêlé de musique cubaine. Très caribéenne en tous cas. Je demande aussi aux chauffeurs de m’apprendre un peu de créole. Le créole c’est un peu comme parler français avec une patate chaude dans la bouche et sans dents…hum, vous voyez ? L’autre jour j’ai entendu le Président Préval à la radio, et là je comprenais environ 70 à 80% de ce qu’il disait, en créole. Mais quand les gens parlent entre eux, avec leur accent, je comprends beaucoup moins. A l’écrit c’est assez drôle le créole, et finalement plus facile à lire qu’à comprendre oralement par exemple.
Ce que je préfère ce sont les panneaux de sensibilisation à l’hygiène que l’on voit partout en ville, et surtout celui-ci, accompagné d’un dessin : « mwen pop sové lavi »… alors, vous avez deviné ?
Eh bien, c’est « mains propres sauvent la vie », sous un dessin d’une femme se lavant les mains au savon ! J’adore !!!

Dans la rue il y a aussi beaucoup de marchands ambulants : j’ai acheté des « papita », des chips de bananes, c’est bon et le petit sachet vaut seulement 10 gourdes (soit environ 50 centimes) ! Oui la « gourde », c’est la monnaie haïtienne…c’est pas moi, hein !
Par la fenêtre de la voiture on peut aussi acheter des sodas frais (le marchand se trimballe une glacière), des petits sachets d’eau potable (le marchand les porte souvent sur sa tête) et… des médicaments ! Ca c’est ce que je trouve le plus drôle : les gars ont un espèce de grand cône inversé en cartons, entouré d’élastiques dans lesquels sont coincés, en présentation, des plaquettes de médicaments. Evidemment, pas de notice pour savoir à quoi est censé servir le médicament, et surtout tout cela reste en plein cagnard ! Et c’est qu’il fait chaud, parfois jusqu’à 35° en milieu de journée !
Evidemment, je le raconte comme ça, mais ces images de marchands ambulants, et de ceux qui sont installés sur les chaussées, renvoient aussi toute la pauvreté de ce pays où 70% de la population est touché par le chômage ou un travail précaire.


Bâtiments endommagés
Pour me remonter le moral, de la fenêtre de la voiture, je peux aussi admirer les enseignes publicitaires et les devantures des magasins. Ca c’est génial, c’est d’une poésie parfois ! Les haïtiens sont très croyants, alors beaucoup des magasins portent un nom en lien, je vous en livre quelques-uns, que je n’ai pas encore réussi à prendre en photo :
« Dieu qui donne – dépôt – chaud & froid »
« Alléluia 2010 – lavage & pression – car wash »
« Père Eternel Loto »
« Dieu tout puissant – pharma »
On trouve aussi d’autres enseignes assez amusantes comme « L’honnêteté Service Multiples » ! Ces enseignes sont toutes peintes à la main, avec beaucoup de soin, le plus souvent avec un dessin qui illustre le propos.

Même pour les banderoles que les personnes déplacées ont placé à l’entrée des camps où elles se sont installées, un grand soin est apporté à l’alignement des lettres et au choix des couleurs. La ville est parsemée de ces camps, qui se sont spontanément créés après le tremblement de terre sur des terrains de sport, dans des parcs, dans des jardins et même parfois carrément sur la rue. Ce sont les bâches bleues et les tentes blanches que j’avais vues de l’avion. Les camps semblent surpeuplés et les conditions d’hygiène sont parfois déplorables. En plus, il pleut tous les jours maintenant, ce qui n’arrange rien. La ville étant en partie sur des collines, les camps du haut s’en sorte un peu mieux car les terrains sont en pente et l’eau ruisselle. Mais en bas, l’eau ne s’écoule pas et stagne, le meilleur moyen d’aider à la prolifération des maladies !

Chaise de bureau...

Samedi, j’ai pu aller retrouver mes amis du Vietnam, Richard et Marc, qui vivent à PAP depuis juin dernier. Leur belle maison (voir photos) a résisté au tremblement de terre, leur cœur aussi je crois même si la semaine qui a suivi le séisme a été terriblement dure pour eux, et en particulier pour Marc qui a géré l’urgence pour Médecins du Monde Canada.
J’étais super heureuse de les retrouver, ils m’ont chouchoutée : un super bon dîner avec du vin français, une énorme et très confortable chambre d’amis, un vrai petit déjeuner canadien (pain perdu au sirop d’érable, œufs et bacon !) et le wifi chez eux ce qui fait que j’ai pu bosser alors qu’internet ne marchait plus au bureau. Je retourne les voir samedi prochain, chouette !
Oui je sais, il manque un bout de la tête de Richard sur la photo... mais c'est pris par moi, avec un Iphone...

Lundi j’ai eu mon premier rendez-vous avec le gouvernement haïtien et c’était un vrai bonheur : trois d’heures d’échanges efficaces et constructifs avec un interlocuteur percutant ! Et contrairement à tous les pays où j’ai travaillé, j’ai pu parlé sans interprète, quel temps gagné aussi !

Hier enfin, j’ai découvert le camp de base des Nations Unies… un truc de fou !!! Avant le séisme, seule une petite partie était installée sur cette base, tout près de l’aéroport et les agences des NU avaient des bureaux dans différents endroits de la ville. Ces bureaux ayant été détruits, toutes sont réunies sur cette base, dans des préfabriqués et sous des tentes. C’est énorme. J’ai croisé le camp de l’avion uruguayenne, des casques bleus très latinos, certains avec des têtes de tueurs à gage, il faut le dire… J’ai vu aussi des casques bleus jordaniens et espagnols, des militaires américains… ça sentait la testostérone à fond !
La réunion à laquelle j’assistais avait lieu sous une tente, il y faisait un peu chaud, surtout que l’on était hyper nombreux. Les ONG et les agences NU sont organisés en « cluster » (cellule) par thèmes : logistique, santé, éducation, eau et assainissement, abris etc… Apparemment, beaucoup d’ONG travaillent à construire des abris et pourtant, tous les besoins ne sont pas encore couverts.
Un nom insolite pour une morgue...
Voilà pour les dernières nouvelles de PAP. Un autre épisode dès que possible !