samedi 1 mai 2010










Mon magasin

Trop de travail les derniers jours de ma mission en Haïti m’a empêché de vous raconter, depuis là-bas, la fin de mon séjour. 10 jours après mon retour, même si je suis moins inspirée, je suis encore sous le charme de ce pays si attachant.

D’abord, je me suis rendue compte qu’il fallait que j’explique mieux les conditions de sécurité là bas, parce que beaucoup m’avez demandé pourquoi le couvre feu et le reste…

En fait, avant ou après le tremblement de terre, Haïti n’a jamais été un pays sûr. La criminalité a toujours été assez élevée et les braquages de voiture ou les enlèvements (pour de l’argent) étaient courants.

Depuis l’enlèvement de deux travailleuses humanitaires en mars dernier (elles sont restées otages quelques jours, puis libérées sans avoir été maltraitées), les différentes ONG présentes en Haïti ont rehaussé leur niveau de sécurité et imposé un couvre-feu à leurs équipes. Petit à petit, les règles se sont détendues et les 4 ONG françaises que j’ai rencontrées n’imposent plus de couvre-feu à leurs équipes. En fait, il faut être vigilant tout le temps. Par exemple, la seule fois où j’ai un peu marché dans la rue, un adolescent a essayé de me voler mon portable, dans la petite poche de mon sac. Et puis le dernier samedi soir, je suis allée au restaurant avec mon amie Richard, et alors que nous finissions de dîner, la voiture d’une autre ONG a été braquée. Le chauffeur était seul, il n’a pas été blessé, mais les gars lui ont pointé une arme dessus et lui ont pris son portefeuille, son portable, et la voiture !


Du coup, on devrait peut-être voyager dans ces jolis bus décorés...


Malgré cela, j’ai trouvé que les règles qui m’étaient imposées étaient trop strictes. En fait, Bioforce travaille sur place depuis début mars, en partenariat avec un organisme de formation britannique, à donner des formations aux personnels des ONG qui répondent à la catastrophe (logistique, sécurité, eau et assainissement). C’est un membre de l’équipe qui était chargé d’établir les règles de sécurité pour tous les gens vivant et travaillant autour de ce programme. Son dernier poste était au Darfour, et je crois qu’il n’en était pas encore totalement sorti…

Mais soyez rassurés, les ONG vont bien à la rencontre des populations, travaillent dans les camps de déplacés, sortent bien de leurs voitures et de leurs bureaux !

Pour ma part, dans la suite de la semaine, j’ai rencontré à nouveau des représentants d’un Ministère et d’une association haïtiens avec qui Bioforce veut monter un projet de formation professionnelle. C’était la première fois que j’avais, dans un pays étranger, des réunions de travail aussi efficace, un vrai bonheur ! Il faut dire aussi que le fait de pouvoir travailler sans interprète facilite vraiment les choses, c’était très agréable. Au final, je suis revenue d’Haïti avec tous les éléments pour monter notre projet et faire la demande de financement, les objectifs de ma mission ont été atteints ! Je suis ravie !

Le vendredi soir, nous (l’équipe Bioforce et les anglais) avons fêté le départ de la chef de mission et une petite fête a été organisée avec l’équipe locale. Les chauffeurs et les gardiens nous ont fait danser le compas (konpa), la danse et musique populaire locale. Je trouve que ça ressemble à un mélange de zouk et de musique cubaine. Au début, tout le monde était un peu mal à l’aise mais ensuite nous avons bien rigolé. Le compas se danse normalement très serré, mais par respect, les garçons nous tenaient à bout de bras, ce que j’ai trouvé très touchant. Par contre, pour ne pas me dire que je dansais mal, ils m’ont dit que les deux autres filles étrangères dansaient mieux que moi, mais que je dansais bien quand même !

Ensuite nous avons « cassé » le couvre-feu pour aller au restaurant fêter le. Un joli restaurant, tenu par des italiennes, dans le quartier « chic » de Pétionville. La serveuse avait de très jolies boucles d’oreilles, et lorsque je lui ai demandé si elles étaient faites en Haïti, elle m’a demandé si je les trouvais jolies. J’ai dit oui, et du coup elle me les a offertes ! J’en étais toute gênée mais aussi très touchée, et j’ai du les accepter. J’ai trouvé ça vraiment adorable.


Une balance dans un restaurant...aaarrggh!



Dans ce même restaurant, j’ai croisé l’Ambassadeur de France. Je l’ai reconnu, pour l’avoir tant vu, à la télé et il a été très aimable quand je suis allée le saluer. La veille de mon départ, j’ai eu un rdv avec l’un de ses collaborateurs à l’Ambassade. Le bâtiment est vraiment très beau, mais il a été endommagé par le séisme et devra être détruit, c’est triste. Près de l’Ambassade il y a aussi ce qui était le Champ de Mars et le palais présidentiel. Le premier est devenu un immense camp de personnes déplacées, le second, complètement effondré, va être rasé. Des photos ci dessous, plus loin dans le blog.


Le deuxième (et dernier) week-end, je suis retournée me faire chouchouter chez Richard et Marc. Le samedi après-midi Richard m’a emmenée voir une boutique d’artisanat haïtien et j’ai enfin pu admirer de près ces objets en métal découpé et peints de toutes les couleurs : des geckos, des fleurs, des poissons…Et pour ma collection, j’ai même trouvé un éléphant en pierre haïtienne ! Etrange dans un pays et un continent sans éléphant… mais je suis contente pour ma collection.


Enfin, j’ai espéré que le volcan et ses cendres me bloqueraient quelques jours de plus en Haiti, mais ça n’a pas marché. J’avoue que je n’étais pas mécontente d’abandonner les coqs et les chiens très bruyants (dès 3h30 du matin autour de la maison !) et les moustiques bioniques, qui résistaient aux produits, aux serpentins fumants et qui me piquaient à travers les vêtements. Malgré ces vilaines bêtes, je serais bien restée plus longtemps dans ce pays qui m’a beaucoup plu, bien que je ne n’en ai eu vision que limitée. Tous les expats avec qui j’ai parlé, et qui ont déjà passé plusieurs mois en Haïti, me disent qu’eux aussi, sont complètement sous le charme de ce pays.

Pour ma dernière soirée, la cuisinière nous a fait du poisson, mon plat préféré, une recette un peu pimentée qui était un vrai régal ! Un des chauffeurs m’a offert un CD de musique compas et un des gardiens, deux très beaux objets en métal découpé. J’étais très touchée de recevoir ces deux cadeaux alors que je ne suis restée que si peu de temps. Apparemment ils ont apprécié ma bonne humeur et mes efforts pour apprendre quelques mots de créole. C’était vraiment sympa.


Voilà. Si le projet se fait, il y a une petite chance que j’y retourne, je l’espère en tous cas.

1 commentaire:

Karine A a dit…

Toujours un plaisir de lire les nouvelles de notre Claire de Lune ...
Mais ... heu... tu ne pourrais pas écrire un peu plus grand? ( par égard pour tes amis over 50...)
BISOUS